Biographie du Général
Charles de Gaulle
Charles de Gaulle est né à Lille le 22 novembre 1890 dans une famille catholique et patriote. Son père, Henri de Gaulle, est professeur de lettres et d’histoire.
Le jeune Charles fait ses études chez les jésuites et opte très tôt pour la carrière des armes.
De Gaulle a à peine retrouvé les siens, en décembre 1918, qu’il est envoyé en Pologne pour participer à la formation de la nouvelle armée chargée de lutter contre l’Armée rouge. A son retour, en 1921, il épouse à Calais Yvonne Vendroux, qui lui donnera trois enfants.
Le capitaine de Gaulle poursuit sa carrière militaire et commence à s’initier aux affaires de l’Etat : en 1931, il est affecté au secrétariat général de la Défense nationale à Paris.
Durant l’entre-deux-guerres, de Gaulle réfléchit à une réforme de l’armée et aux relations entre l’armée et le politique. Dans les ouvrages qu’il écrit à l’époque, il développe deux idées majeures : l’armée doit être soumise aux décisions des hommes politiques ; il est nécessaire, pour la défense de la France, de constituer un corps de blindés (chars).
Colonel en 1937, de Gaulle se voit d’ailleurs confier le commandement du 507e régiment de chars de Metz. Lors de la déclaration de guerre de la France et de l’Angleterre à l’Allemagne, le 3 septembre 1939, il est nommé commandant par intérim des chars de la 5e Armée.
Au moment où l’Allemagne nazie envahit la France, Charles de Gaulle s’illustre à plusieurs reprises à la tête de ses chars, arrêtant notamment l’ennemi à Abbeville (27-30 mai 1940).
Nommé général le 1er juin 1940, il devient quelques jours plus tard sous-secrétaire d’Etat à la Défense nationale et à la Guerre dans le gouvernement de Paul Reynaud. Mais le 16 juin, il apprend la démission du président du Conseil, son remplacement par le maréchal Pétain et la demande d’armistice.
Après le débarquement de Normandie, le 6 juin 1944, de Gaulle insiste auprès du général Eisenhower, commandant en chef des armées alliées, pour que Paris soit libéré rapidement, alors que la stratégie prévoyait d’aller directement vers l’est sans passer par la capitale. C’est finalement la 2e DB du général Leclerc qui libère Paris le 25 août. De Gaulle se réinstalle au ministère de la Guerre, dans le bureau qu’il occupait jusqu’au 10 juin 1940, signifiant ainsi que Vichy était une parenthèse et que la République n’a jamais cessé d’exister. Le lendemain, 26 août, il descend triomphalement les Champs-Elysées.
Président du gouvernement provisoire, de Gaulle se trouve rapidement en désaccord avec l’Assemblée constituante sur la conception de l’État et le rôle des partis. Il préfère donc démissionner le 20 janvier 1946, mais il a rempli la mission qu’il s’était donnée le 18 juin 1940 : libérer le territoire, restaurer la République, organiser des élections libres et démocratiques, entreprendre la modernisation économique et sociale.
Le Général reprend la parole à Bayeux, le 16 juin 1946. Dans son discours, il expose un véritable projet constitutionnel avec un exécutif fort et une séparation claire des pouvoirs, ébauche de ce que sera la Constitution de la Ve République. Mais il n’est pas écouté, puisqu’en octobre les électeurs approuvent le texte qui devient la Constitution de la IVe République et qui donne un poids important au pouvoir législatif.
Dès lors, de Gaulle entre dans l’opposition. En 1947, il lance le Rassemblement du peuple français (RPF), qui suscite rapidement de très nombreuses adhésions. Son but est de lutter contre le poids excessif des partis et de favoriser une réforme constitutionnelle. Malgré ses succès électoraux initiaux, le RPF connaît un déclin lors des scrutins suivants. De Gaulle décide de le mettre progressivement en sommeil à partir de 1953.
Commence alors, pour plusieurs années, « la traversée du désert » : de Gaulle se retire à Colombey-les-Deux-Eglises, rédige ses mémoires, voyage un peu. Sa vie publique est nettement ralentie, mais il reste très attentif aux événements.
1959-1965
Sa première priorité est le règlement du conflit algérien. De Gaulle multiplie les voyages et s’achemine vers la solution de l’indépendance : en 1959, il propose l’autodétermination aux Algériens et organise en 1961 un référendum sur ce thème : 75% des Français l’approuvent. C’est un soutien massif pour le chef de l’Etat et un revers pour les partisans de l’Algérie française qui multiplient les attentats et tentent même un putsch à Alger en avril 1961.
Les négociations entre Français et Algériens se concluent par les accords d’Evian, signés le 22 mars 1962, acceptés par référendum en France et en Algérie. L’Algérie accède à l’indépendance.
Si les séquelles de la guerre d’Algérie persistent dans les années qui suivent (rapatriement des Français et des harkis, attentats de l’OAS), le général de Gaulle peut désormais s’attacher à renforcer le rang de la France.
L’année 1962 marque un véritable tournant, d’abord sur le plan institutionnel, avec l’instauration de l’élection du président de la République au suffrage universel. Cette réforme suscite une vive opposition, mais le référendum sur la révision constitutionnelle, avec 62,2 % de « oui », est un succès.
Sur la scène internationale, ensuite, de Gaulle mène une politique d’indépendance nationale. Après l’explosion de la première bombe atomique française à Reggane, au Sahara, en février 1960, la France se retire en 1966 du système intégré de l’OTAN, mais reste membre de l’Alliance atlantique.
Dans le même temps, alors que la Communauté économique européenne (CEE) fait ses premiers pas, le général de Gaulle s’est rapproché dès 1958 de l’Allemagne fédérale, recevant le chancelier Adenauer à Colombey. Il entend développer un axe franco-allemand fort. En revanche, il s’oppose à l’entrée de la Grande-Bretagne dans la CEE, la considérant comme le « cheval de Troie » des Etats-Unis.
De manière générale, de Gaulle cherche à s’affranchir de la politique des deux blocs occidental et soviétique et prononce plusieurs discours remarqués : à Phnom-Penh, au Cambodge, il critique en 1966 la politique américaine au Vietnam ; en juillet 1967, par son « Vive le Québec libre ! », il marque son opposition à l’impérialisme américain, tout en défendant la présence historique de la France en Amérique du Nord. Néanmoins, le général de Gaulle n’a jamais failli à sa fidélité au bloc occidental. Lors de la crise de Cuba, en 1962, il a été le premier à soutenir le président Kennedy contre Nikita Khrouchtchev.
En 1965 a lieu la première élection présidentielle au suffrage universel direct. Mis en ballottage au premier tour (avec 43,7% des voix), de Gaulle l’emporte au second tour face à François Mitterrand, avec 54,8% des voix.
A la fin des années 1960, la France connaît une forte croissance économique dans le contexte des Trente Glorieuses. Mais le pays « s’ennuie » et les événements de mai 1968 en sont le révélateur. Comme dans de nombreux pays, la contestation commence dans les milieux étudiants à partir du mois de mars, avant de s’étendre aux milieux ouvriers. La grève générale paralyse l’activité pendant le mois de mai, provoquant une crise sévère qui ébranle le pouvoir.
Pour le Général, l’Etat doit rétablir l’ordre contre « la chienlit », le désordre, la menace du totalitarisme. Les accords de Grenelle conclus entre le gouvernement, les représentants des syndicats et du patronat aboutissent à des mesures classiques qui ne mettent pas fin à la crise. La disparition soudaine et inexpliquée de de Gaulle, le 29 mai, accentue les doutes. En réalité, il s’est rendu à Baden-Baden, en Allemagne, pour rencontrer le général Massu.
Dès son retour à Paris, le 30 mai, son allocution radiodiffusée a le ton de la fermeté. Elle est suivie d’une immense manifestation organisée par les gaullistes sur les Champs-Élysées. De Gaulle dissout l’Assemblée nationale. Le travail reprend progressivement, mais les relations entre le président de la République et le peuple français ne seront plus les mêmes.
Le 27 avril 1969, il consulte les Français par référendum sur un projet de régionalisation et de réforme du Sénat. Sa proposition est rejetée par des électeurs. Fidèle à sa promesse et respectueux du peuple souverain, de Gaulle démissionne. A minuit dix, un communiqué annonce : « Je cesse d’exercer mes fonctions de président de la République. Cette décision prend effet aujourd’hui à midi. »
Charles de Gaulle se retire à Colombey-les-Deux-Eglises et s’abstient de toute prise de position publique. Il reçoit quelques fidèles et poursuit l’écriture de ses mémoires. Seul le premier volume des Mémoires d’espoir est achevé lorsqu’il meurt, le 9 novembre 1970.
Conformément à son testament, de Gaulle ne reçoit pas de funérailles nationales. A Colombey-les-Deux-Eglises, son cercueil est transporté sur un engin blindé dans la petite église, en présence de sa famille, des compagnons de la Libération et des habitants de son village. Il est enterré au cimetière auprès de sa fille Anne, avec pour seule inscription « Charles de Gaulle 1890-1970 ». Le 12 novembre, à Notre-Dame de Paris, a lieu une cérémonie officielle avec les autorités de l’État et les personnalités étrangères. Charles de Gaulle est entré dans l’Histoire.